jeudi 30 décembre 2010

Les règles de la méthode sociologique - expliquer les faits sociaux : la cause, ses effets - Emile Durkheim

Durkheim reproche aux sociologues de son époque de ne chercher qu'à montrer les effets des faits sociaux qu'ils étudient, de ne chercher qu'à expliquer le rôle qu'ils jouent sans en rechercher les causes. Il donne plusieurs exemples pour démontrer la nécessité de comprendre l'origine des faits appréhendés. Nous retiendrons celui-là : "pour rendre à un gouvernement son autorité [...] il ne suffit pas d'en sentir le besoin ; il faut s'adresser aux seules sources d'où dérive toute autorité, c'est-à-dire constituer des traditions, un esprit commun, etc." Pour lui, les causes et les effets doivent être étudiés séparément, le sociologue doit déterminer s'il y a un lien entre le fait considéré et les besoins généraux de la société - et quelle est la nature de ce lien - sans se préoccuper de savoir si ce lien a été créé de façon intentionnelle. Durkheim reconnait un caractère de réciprocité aux causes et aux effets. Si les effets découlent naturellement des causes, ils permettent également de les entretenir. Les peines sont nées du sentiment d'offense des hommes face aux crimes mais à contrario, elles entretiennent le degré d'intensité de l'offense en étant appliquées. Enfin Durkheim précise que les faits sociaux ont généralement une utilité, sinon ils disparaissent. Le sociologue, au-delà de le la détermination des causes, doit définir la part qui revient au fait social dans l'établissement de l'harmonie générale d'une société.

mercredi 29 décembre 2010

Les règles de la méthode sociologique - distinguer le normal du pathologique - Emile Durkheim

Aux yeux du sociologue, le bien et le mal n'existent pas. Son rôle n'est pas de juger les faits sociaux, sa réflexion ne doit pas être bercée d'idéologie mais éclairer la pratique. Le sociologue distingue les faits normaux des faits morbides ou pathologiques de la façon suivante : le type normal est le type moyen qui réunit les caractères les plus fréquents tandis que le type pathologique est celui qui s'écarte de l'étalon défini.
"Il faut renoncer à cette habitude [...] de juger une institution, une pratique, une maxime morale [...] pour tous les types sociaux indistinctement". La normalité ne peut être jugée que par rapport à une "espèce sociale" déterminée, à une phase précise de son développement.
"Pour que la sociologie soit vraiment une science de choses, il faut que la généralité des phénomènes soit prise comme critère de normalité".

La classification des espèces sociales

Durkheim indique que pour les historiens, les sociétés constituent des individualités hétérogènes incomparables entre elles (l'histoire est une successsion de périodes ; les sociétés n'ont rien à apprendre les unes des autres) tandis que pour les philosophes, les évolutions sociales sont liées à l'évolution des attributs généraux de la nature humaine (la constitution de l'homme domine tout le développement historique ; le genre humain est appréhendé dans sa globalité). La sociologie apporte une réponse nouvelle à travers ce qu'il nomme les "espèces sociales" qui réunit unité et diversité. La classification des espèces n'exige pas un inventaire complet de tous les caractères de tous les individus qui la composent (ce serait impossible). Durkheim préconise de ne retenir que quelques caractères présentant une pertinence, et de n'étudier que quelques sociétés et non la totalité. "Une observation bien faite, de même que, souvent une expérience bien conduite suffit à l'établissement d'une loi".
Il propose de nommer "morphologie sociale" la partie de la sociologie qui a pour tâche de constituer et classer les types sociaux.

Parenthèse : je découvre qu'il y a une rue Emile Durheim à Paris dans le 13e sur le blog de ch@


Les règles de la méthode sociologique - la démarche du sociologue - Emile Durkheim

"Traiter les faits sociaux comme des choses" et poser les fondements d'une nouvelle science de la société qui, sur le modèle des sciences expérimentales, permette de mieux la décrire et l'expliquer : tel est le projet d'Emile Durkheim lorsqu'il publie les règles de la méthode sociologique en 1895. Dans sa préface, Laurent Mucchielli, sociologue et historien, présente quel a été l'apport de Durkheim à la réflexion sociologique tout en la resituant dans son contexte historique et dans celui de l'état des recherches à cette époque. 3 grands principes à retenir :
  • les faits sociaux doivent être observés sans jugement personnel pré-établi (reconnaître et mettre à distance les prénotions) - Le sociologue doit, lorsqu'il détermine l'objet de ses recherches s'affranchir de ses préjugés et éviter d'utiliser des concepts qui n'ont pas été établis scientifiquement. S'il les utilise, il doit cependant être conscient de leur moindre valeur
  • chaque affirmation doit être accompagnée de preuves (défendre l'impérieuse nécessité d'administrer la preuve)
  • le social doit être expliqué par le social (la sociologie doit éviter la réduction du social à l'individuel, se distingant ainsi de la psychologie)
La démarche sociologique
La première étape du travail du sociologue doit être de définir l'objet de sa recherche le plus précisément possible et de façon objective à travers les propiétés que cet objet recouvre et non la façon dont il est appréhendé (idée de l'esprit). Cette première définition n'exprimera pas l'essence de la réalité mais préparera le terrain pour y parvenir ultérieurement. Elle permettra de prendre contact avec les choses, fournira le premier point d'appui nécessaire aux explications.
Les mots utilisés par le sociologue doivent être expliqués de façon préalable pour être sûr que chacun les comprendra dans le même sens. En sociologie de nombreux termes (famille, propriété, crime etc.) sont utilisés régulièrement par tout un chacun. D'où la nécessité de les préciser rigoureusement, de créer des "concepts nouveaux, appropriés aux besoins de la science et exprimés à l'aide d'une terminologie spéciale". Durkheim précise cependant que toute science doit partir de la "sensation"d'où découlent les idées générales vraies ou fausses, scientifiques ou pas mais qui constituent un point de départ en vue que la science soit ancrée dans la réalité. Pour éviter au mieux la subjectivité, le sociologue doit "poser en principe que les faits sociaux sont d'autant plus susceptibles d'être objectivement représentés qu'ils sont plus complètement dégagés des faits individuels qui les manifestent".

lundi 6 décembre 2010

Les méthodes de construction de l'échantillon

1. La méthode du modèle réduit ou méthode des quotas, dite aussi de "choix raisonné" :
elle consiste à analyser les caractéristiques de la population étudiée à l'aide des recensements et statistiques objectives ou officielles, repérer celles qui sont en lien avec le sujet étudié, transposer les pourcentages en chiffre total de l'échantillon.

2. La méthode du calcul probaliste ou méthode de tirage au sort de l'échantillon :
pour que le calcul des probabilités, seul capable de permettre la mesure de l'erreur, puisse être appliqué, il faut que l'échantillon soit tiré au sort dans l'Univers de l'enquête. Pour tirer au sort un échantillon, il faut la liste nominative des unités de la population, un procédé de tirage de sort, le pourcentage décidé de l'échantillon par rapport à la population de l'enquête.

3. Autres méthodes :

La méthode aréolaire : tirage au sort qui ne se fait plus entre individus mais sur une aire (ville, arrondissement, circonscription...)
Les méthodes d'échantillonnage à plusieurs degrés ou phases : on tire au sort par la méthode aréolaire par exemple, puis à l'intérieur des unités désignées, on tire au sort les individus.
Les méthodes d'échantillonnage stratifié : la population est divisée en strates homogènes (CSP, âge, nombre d'habitants...), on effectue des tirages au sort au sein de ces strates.
L'échantillon-maître, appelé aussi a priori : c'est un échantillon large, bien caractérisé selon toutes catégories, préparé à l'avance que l'on utilise selon les besoins pour diverses enquêtes (on taillera son échantillon dans l'échantillon-maître).
Le panel : échantillon fixe servant de référence pour toutes les enquêtes ou pour une série d'enquêtes.

Pour approfondir le sujet, lire :
Initiation à la théorie de l’échantillonnage
Jean VAILLANT

Octobre 2005

dimanche 5 décembre 2010

Le questionnaire dans l'enquête psycho-sociale

Les objectifs

L'enquête psycho-sociales a pour objectif de receuillir des données et de les croiser entre elles. Ces données peuvent être de plusieurs ordres :

Données dites personnelles - par exemple, degré d'instruction, appartenance religieuse, nationalité, participation à tels ou tels groupes, données économiques (revenus, dettes, crédits...), données professionnelles ou familiales etc. tout ceci concernant les individus dans la collectivité ou le mileu social sur lequel on effectue l'enquête.
Les données sur l'environnement - circonstances de vie, types de voisinage, relations familiales, habitat...
Les données de comportements - comment se comportent les membres de la population étudiée ?
Les niveaux d'information, les opinions, les attentes - vaste champs où triomphent les méthodes de sondage.
Les attitudes et motivations - ce qui pousse à l'action, au choix, à la décision, autant que le "pourquoi" et le "comment" des opinions.

Les méthodes
3 grandes catégories : l'observation, les méthodes d'interview, les questionnaires

Les questionnaires d'auto-administration - le sujet est seul devant le questionnaire pour y répondre.
Les questionnaires par enquêteur - l'enquêteur pose les questions et note les réponses.

Les biais

Le biais est le risque de déformation - donc d'erreur - encouru par l'enquête.

Risques : au niveau du choix de "l'univers" (population visée par l'enquête) ; de la construction de l'échantillon ; de la construction du questionnaire (questions mal formulées, réponses induites) ; de l'administration de l'enquête (attitudes de l'enquêteur) ; de la réalisation (l'échantillon interrogé ne correspond pas à celui qui a été défini) ; de la codification des réponses obtenues ; du dépouillement et de l'analyse des résultats.

Les étapes
1. Définition de l'objet d'étude
2. Préparation - Pré-enquête
3. Déterminaison des objectifs et hypothèses
4. Déterminaison de la populaiton "univers de l'enquête"
5. Détermination de l'échantillonnage
6. Choix des techniques à utiliser et rédaction du projet de questionnaire
7. Pré-test ou mise à l'épreuve du projet
8. Rédaction définitive du questionnaire
9. Choix du mode d'administration et présentation définitive du questionnaire
10. Dépouillement et codage des résultats
11. Analyse
12. Rédaction et publication