samedi 11 septembre 2010

Adaptation, conformité et non-conformité

Apprentissage et intériorisation d’autrui, influence des agents de socialisation, milieux d’appartenance et de référence produisent une adaptation de la personne à son environnement social. Mais cette conception « sur-socialisée » a été jugée statique par certains sociologues comme Dennis Wrong ou Henry Chombart de Lauwe pour lesquels l’adhésion à des normes et à des valeurs implique une certaine marge de décision de la part des acteurs (rappelons-nous le système d’options de Talcott Pearson, les notions de valeurs dominantes et secondaires, la tolérance à certaines conduites jugées déviantes ou variantes). Cette marge de liberté n’est pas la même dans toutes les collectivités.

Dans ses leçons sur « l’éducation morale », Durkheim proposait comme idéal aux maîtres de contribuer à préparer les jeunes à l’édification d’une morale laïque nouvelle : « Une société comme la nôtre ne peut s’en tenir à la tranquille possession des résultats moraux qu’on peut regarder comme acquis. il faut en conquérir d’autres ; Et il faut, par conséquent, que le maître prépare les enfants qui lui sont confiés à ces conquêtes nécessaires, qu’il se garde de leur transmettre l’évangile moral de leurs aînés comme une sorte de livre clos depuis longtemps, qu’il excite au contraire chez eux le désir d’y ajouter quelques lignes, et qu’il songe à les mettre dans l’état de satisfaire cette légitime ambition ».

Ne pas confondre variance/déviance avec non-conformité/anti-conformité


Une conduite peut être conformiste dans un milieu considéré comme déviant. Un comportement déviant ou variant s’inscrit dans la rupture avec les valeurs dominantes ou les modèles préférentiels du milieu auquel on appartient.

On peut trouver dans des milieux non-conformistes la même gradation de stricte conformité, de tolérance ou de reconnaissance de la liberté et de l’innovation que dans tout autre milieu.

La socialisation s’exprime aussi bien dans le désir de changer de milieu que de se conformer à ce milieu. Au plan psychologique, les phénomènes d’ambivalence ou de transfert peuvent influencer le comportement de l’individu, agir sur ses choix de façon inconsciente (refus d’un père autoritaire, identification à un leader…)

Ce sont souvent les mêmes éléments du processus de socialisation qui engendrent les conduites que la société appelle « pathologiques » : crime, prostitution, délinquance, suicide. Les conduites pathologiques peuvent résulter de frustrations, sentiments d’angoisse, d’insécurité… qui développent chez d’autres un désir de réforme sociale ou d’innovation.

La marge qui sépare adaptation sociale de « mésadaptation pathologique » n’est pas très grande car les mêmes mécanismes psycho-sociaux peuvent être à l’origine de l’une ou de l’autre.

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