mardi 18 janvier 2011

L’imaginaire devient un rapport social quand il se traduit par des pratiques symboliques

Dans « Communauté, société, culture - Trois clefs pour comprendre les identités en conflits », Maurice Godelier démontre que les sociétés ne se constituent pas dans l’histoire à partir des liens de parenté (Lévi-Strauss) – même s’il reconnaît qu’ils sont une composante essentielle de la vie sociale - ou de production (thèse marxiste) mais à travers les rites d’initiation qui imposent un régime de pouvoir, un ordre au sein de la société. Après avoir analysé les rapports sociaux existants au sein de diverses sociétés dont celle des Baruya de Papouasie Nouvelle-Guinée, qu'il étudie de 1966 à 1988, il met en évidence que l'ordre social (ici fondé sur la domination masculine) repose sur les rites qui alimentent les mythes fondateurs, eux-même issus de faits imaginaires. Chez les Baruya, on apprend très tôt aux jeunes garçons que ce sont les femmes qui ont tout d’abord existé. Elles ont inventé de nombreuses choses parmi lesquelles les  arcs et les flèches dont elles ne savent pas bien se servir (elles tuent trop d’animaux…). Les hommes les leur ont confisqués puis interdits, ainsi que leurs flûtes, qui symbolisent leur vagin et que les hommes s'approprient.  A travers les rites d’initiation, les hommes perpétuent les actes visant à priver les femmes de leurs pouvoirs. « On mesure donc le rôle immense de l’imaginaire dans la construction des réalités sociales et des subjectivités qui les vivent et les reproduisent ».

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