"La consommation apparaît comme un phénomène ambivalent qui produit autant de violence que de sociabilité, autant un imaginaire "messianique" qui annonce un monde idéal sur terre qu'un imaginaire apocalyptique qui se projette dans un monde de malheur. Cette ambivalence explique que la consommation est à la fois au coeur du politique et du religieux" comme l'explique Dominique Desjeux, professeur d'anthropologie sociale à l'université Paris V, dans son ouvrage La consommation (Que sais-je ? collec.puf).
Pour illustrer cette ambivalence, ajoutons à la lecture du livre de Dominique Desjeux (il présente, dans une première partie, les fondements théoriques de la sociologie de la consommation), un ouvrage très critique (apocalytique) : La société de consommation de Jean Baudrillard ; et à l'opposé un livre illustré, Confort(s) La génération vautrée, réalisé par François Bellanger dirigeant de Transit, agence spécialisée dans l'innovation et la prospective et Gérard Laizé, directeur général du VIA (Valorisation de l'Innovation dans l'Ameublement). "Génération vautrée" n'est pas un livre de théoriciens. Bien qu'il s'inspire de leurs travaux et qu'il donne à la parole à des sociologues, des ethnologues, il est essentiellement l'oeuvre de prospectivistes, designers, ergonomes, dirigeants d'entreprises dans le domaine du mobilier en particulier. Il donne corps à tout ce qu'exècre Jean Baudrillard dans notre société "aliénée par la consommation" pour lequel "Architectes, publicitaires, urbanistes, designers, tous se veulent démiurges, ou plutôt thaumaturges (personnes qui font des miracles) de la relation sociale et de l'environnement. Les psychosociologues eux-aussi se veulent thérapeutes de la communication humaine et sociale. Jusqu'aux industriels qui se prennent pour des missionnaires du bien-être et de la prospérité générale".
Ambivalence au coeur du politique qui apparaît dès les fondations de la sociologie de la consommation à travers les approches de Veblen ( la consommation comme distinction sociale) et Halbwachs (la consommation comme facteur d'intégration sociale).